Pourquoi consacrer une page à Malek Haddad ? La
raison en est très simple. En dehors du fait qu'il s'agit d'un grand écrivain,
lorsque nous habitions à Constantine notre maison du faubourg Lamy se
situait au 3 rue du Sergent Marcel Gurriet ; au numéro 1, vivait
la famille Haddad. Il était donc, du moins par l’intermédiaire de
sa famille, notre plus proche voisin. Ma mère m’a rappelé que son
père (enseignant en retraite) me disait : " Il faut lire,mon
fils, même des bandes dessinées, mais il faut lire ! ". Malek Haddad, un grand écrivain algérien d’expression française qui, même s’il a été traduit dans quatorze langues, demeure relativement peu connu, peu médiatisé.
Contrairement à Kateb
Yacine qui conçoit la langue française comme "un butin de guerre",
qu’il faut conserver et exploiter, Malek Haddad, après avoir
dit
"nous écrivons le français, nous n’écrivons pas en français"
pour souligner que la langue n’est qu’un instrument qui exclut
toute aliénation culturelle. Mais peut-on jamais échapper à
sa vocation, au besoin d’écrire? Et Malek Haddad reprendra son stylo
et, faute de pouvoir se mettre dans sa langue à l’instar de Rachid
Boudjedra, il continuera à écrire en français... Pendant la Guerre de Libération,
Malek Haddad collabore à plusieurs revues parmi lesquelles Entretiens,
Progrès, Confluents, et Lettres françaises. Malek Haddad décède des suites d'un cancer le 2 juin 1978 à Alger. Le Palais de la Culture de Constantine porte aujourd'hui le nom de Malek Haddad. Texte extrait d'un article de Abdelaziz Yessad. • "Si
Constantine m'était contée ..."
Bibliographie : - Le malheur en danger (poèmes)
La Nef de Paris (1956) Malek Haddad laissera
donc également des inédits et des manuscrits inachevés : • • • Kateb
Yacine
Kateb Yacine, un résistant.
Romancier, poète, dramaturge, Kateb Yacine fut encore un inlassable chroniqueur : on le découvre dans Minuit passé de douze heures. Depuis les textes légèrement grandiloquents de la jeunesse - le premier d'entre eux, consacré à l'émir Abdelkader, est écrit par un adolescent de dix-sept ans - jusqu'à ceux, pleins de colère et de tristesse contenues, d'après la répression de la jeunesse d'Alger en octobre 1988, on peut suivre tout l'itinéraire d'un grand intellectuel dont le premier souci fut toujours de rester proche de son peuple. « Aucune langue n'est étrangère, à condition de pratiquer d'abord sa propre langue, écrivait-il en 1975. Je m'exprime aujourd'hui en arabe dialectal, dans la langue du peuple algérien. J'apprends aussi à balbutier en langue dite berbère, la langue des ancêtres. C'est un double saut périlleux. Il faut le faire ou se résigner à l'aliénation. » Loin de se reposer sur les lauriers obtenus pour Nedjma, Kateb Yacine, lui aussi, forma une compagnie théâtrale, subventionnée par le ministère du travail ! Car il se méfiait de la culture comme instrument de reproduction des inégalités sociales. Il choisit le théâtre parce que son peuple était encore majoritairement analphabète, et que c'était à lui qu'il voulait s'adresser. Mais qui voudra faire l'expérience d'une lecture croisée, aujourd'hui rendue possible par ces diverses publications, des articles journalistiques, des poèmes, du théâtre et de Nedjma, comprendra immédiatement l'extraordinaire unité de l'œuvre, qui se déploie dans une impressionnante variété de manières. Le fil rouge en est la résistance : résistance au colonialisme, puis à la constitution d'une culture nationaliste pour et par une élite fermée, enfin à la sacralisation de l'écrit. C'est ainsi, sans jamais prendre la pose de l'intellectuel éclairé ou du poète inspiré, que Kateb Yacine est devenu, comme le dit justement l'éditeur de Minuit passé de douze heures, l' « un des plus grands écrivains de ce siècle ». Texte extrait d'un article
de François Bouchardeau : http://www.monde-diplomatique.fr/1999/12/BOUCHARDEAU/12775.html Bibliographie : - Minuit passé de douze heures (écrits journalistiques
1947-1989), Édition du Seuil, 1999. • • • Né en 1944 à Constantine, neveu de Malek Haddad. Etudes dans cette ville. Ecrits des poèmes et des nouvelles depuis l'age de 15 ans. Il publie des nouvelles dans des périodiques, puis rédige son premier roman de 1971 à 1974. Petite note personnelle. J'ai eu le plaisir de rencontrer
Jamel Ali Khodja tout simplement puisqu'il habite le faubourg Lamy
dans l'ancienne maison des Haddad qui est mitoyenne de celle
que nous habitions. Il m'a fait l'immense plaisir de m'offrir et me
dédicacer son roman "La Mante Religieuse". SG
La mante religieuse, Alger,SNED, 1976 |